La Boite à Merveilles Contrôle
Ces deux jours et demi de repos passèrent très vite. Le vendredi après déjeuner, je me retrouvai à l'école, hurlant les versets coraniques et scandant les mots sur ma planchette à coups de poings.
Une mèche de cheveux ornait le côté droit de ma tête. Elle tournoyait aux quatre vents pendant que j'apprenais frénétiquement ma leçon. Mes doigts me faisaient mal à force de cogner sur ma planchette de bois. Chaque élève se livrait à ce jeu avec passion. Le maître somnolait, sa longue baguette à la main. Le bruit, les coups répétés sur les planchettes m'enivraient. J'avais chaud aux joues. Mes tempes bourdonnaient. Une tache de soleil d'un jaune anémique traînait encore sur le mur d'en face. Le maître se réveilla, distribua quelques coups de baguette et se rendormit.
La tache de soleil diminuait.
Les cris des enfants s'étaient transformés en torrent, en cataracte de rafale.
La tache de soleil disparut.
Le maître ouvrit les yeux, bâilla, distingua au milieu de toutes ces voix, celle qui déformait une phrase vénérée, rectifia le mot défectueux et chercha une position confortable pour reprendre son somme. Mais il remarqua que le soleil avait disparu. Il se frotta les yeux, son visage s'éclaira et la baguette nous fit signe de nous rapprocher. Le bruit cessa brusquement. Installés tous contre l'estrade du Fqih, nous chantâmes la première sourate du Coran. Les plus petits comme les plus grands la connaissaient. Nous ne quittions jamais l'école le soir sans la chanter. Le vendredi nous la faisions suivre de quelques vers de Bnou Achir consacrés au rituel des ablutions et d'une ou deux prières pour implorer la miséricorde de Dieu en faveur de nos parents et de nos maîtres morts et vivants.
Nous étions heureux quand commençaient ces litanies. Elles signifiaient la fin de nos souffrances, le retour à la maison, la course dans les ruelles humides. Enfin, le maître nous libéra un par un. Avant de partir nous nous dirigions vers l'estrade pour le saluer une dernière fois et lui baiser la main.
Chacun prit ses babouches de dessus une étagère placée à l'entrée de la salle d'école et s'en alla.
Il faisait déjà sombre quand j'arrivai à la maison.
Questions
1- Présentez l’œuvre d’où est extrait ce texte en complétant le tableau suivant :
Titre de l’œuvre Auteur Genre Contexte historique
2- Situez le passage par rapport aux événements précédents.
3- Pourquoi le narrateur a-t-il eu droit à deux jours de repos ?
4- Que faisaient les élèves au m’sid ?
5- Quelle émotion a ressentie le narrateur lors de cet apprentissage ? Comment cela s’est-il traduit ?
6- A quel moment de la journée les enfants se sont-ils calmés ?
7- Relevez trois termes se rapportant au champ lexical du bruit.
8- « Les plus petits comme les plus grands la connaissaient » que remplace le mot souligné"la" ? dites quelle est sa fonction.
9- De quelle figure de style s’agit-il dans l’énoncé suivant ? - Les plus petits comme les plus grands la connaissaient …
10- Que critique le narrateur dans ce passage ?
11- D’après votre lecture de l’œuvre, dites quel est le métier de Driss le père de Zineb ?